Formée aux lettres et nourrie d’un amour profond pour le théâtre, Valérie Vivier a fondé en 2009 la compagnie Les Allogènes, tout en collaborant depuis plus de vingt-cinq ans avec le Théâtre des Ilets – Centre dramatique National de Montluçon. Ce parcours scénique s’est enrichi au fil du temps d’un besoin plus tactile, d’une recherche de matière et de geste. C’est ainsi qu’elle redécouvre la tapisserie, en franchissant les portes de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson. Apprenant qu’il existe une formation, cela déclenche en elle un élan nouveau, un désir de tisser sa propre voie.
L’apprentissage débute chez France-Odile Crinière-Perrin, de l’Atelier A2, puis elle intègre la formation du Greta au sein de la Cité de la tapisserie entre 2018 et 2020, qui se termine avec l’obtention du Brevet des métiers d’art, couronné d’une mention très bien. À la Manufacture Pinton, elle affine sa pratique, explore les œuvres contemporaines, se confronte aux exigences du métier. Trois années d’immersion, d’expérimentation, de transmission.
Aujourd’hui installée dans un atelier à la Villa Chateaufavier, à Aubusson, elle tisse désormais ses propres créations. La première, inspirée d’une aquarelle de son ami Philippe Fissore, trouve sa source dans un poème de Yannis Ritsos. Trois mois de travail pour faire naître une tapisserie en 18 portées, un format de 80 x 66 cm où se mêlent rigueur du geste et souffle poétique.
Ce tissage personnel, exposé à Montluçon lors de l’exposition de Philippe Fissore, véritable manifeste, incarne l’alliance entre tradition et sensibilité contemporaine et fait le pont entre théâtre et tapisserie, projetant de retraverser sur scène le poème de Ritsos « Quand vient l’étranger » accompagnée de la tapisserie.
D’autres projets prennent forme. La tapisserie Red Portrait, autoportrait en zèbre de l’artiste Henrijean, décédé en 2019 ou une prochaine série d’œuvres en petits formats en collaboration avec Philippe Fissore. Elle collabore régulièrement avec d’autres ateliers de tissage : elle a participé, sous la direction de l’atelier A2, au tissage d’une œuvre de Tolkien pour la Cité internationale de la tapisserie, et travaille actuellement sur l’œuvre de Raphaël Barontini, projet mené par les ateliers Mayling Steiner et A2.
Entre scène et trame, Valérie Vivier compose ainsi une œuvre singulière, où chaque fil raconte une histoire, où chaque geste prolonge une passion.
